Portrait d'un producteur
Portrait de Jérôme MASSON, producteur de betterave rouge à St Benoît sur Loire
Depuis quand êtes-vous producteur de betteraves ?
Je cultive la betterave rouge depuis mon installation en 2006 sur la commune de Saint Benoît sur Loire : environ 10 hectares de betterave rouge chaque année, ce qui représente près de 20% des surfaces de mon exploitation. Un hectare produisant environ 60 à 70 tonnes de betteraves commercialisables, je récolte annuellement près de 650 tonnes de betteraves rouges. Je produis également des céréales, du colza et un autre légume, la carotte.
Y a-t-il une véritable tradition de la betterave dans le Loiret ?
Tout à fait, mais je ne vous parlerai ici que de la betterave rouge, car un autre type de betterave est également cultivé dans le Loiret : la betterave à sucre, blanche celle-ci, que l’on rencontrera plus au nord du Loiret, dans les terres de Beauce notamment, près des sucreries. La tradition de la betterave rouge remonte à l’après-guerre, où de nombreuses exploitations du Val de Loire, autour de St Benoît sur Loire, disposaient d’un four pour cuire des betteraves rouges pour les vendre ensuite sur les marchés. Certaines exploitations ont développé leur activité, jusqu’à atteindre le stade industriel. C’est pourquoi nos unités de transformation ont toute une origine agricole et ont maintenu ce lien très étroit avec le tissu agricole local.
La betterave rouge est-elle une production exigeante ? Faut-il un type de sol particulier ?
Je dirais plutôt qu’elle est technique et qu’elle nécessite un réel savoir-faire. Elle est tout d’abord particulièrement bien adaptée à nos sols sableux du Val de Loire qu’il faut préparer soigneusement avant le semis. Nous utilisons la technique particulière du semis en planche. En culture, il faut bien maîtriser le désherbage pour éviter la compétition entre la betterave et les mauvaises herbes qu’on appelle aussi adventices. Nous combinons ainsi les techniques, notamment le binage de l’inter-rang., Ponctuellement, les producteurs sont amenés à faire le tour des parcelles avec une binette pour arracher les adventices présentes sur le rang qui sont passées au travers du programme de désherbage.
La récolte, enfin, est particulièrement délicate, car il s’agit de manipuler les betteraves avec le plus grand soin, afin de ne pas soumettre le légume à des chocs. Les betteraves sont ensuite directement cuites après récolte, ou bien stockées afin d’approvisionner les usines de cuisson durant tout l’hiver, jusqu’au printemps prochain. Là encore, cela nécessite un réel savoir-faire afin de maintenir la qualité, gustative et nutritionnelle, tout au long de la conservation.
Pouvez-vous nous décrire les différentes étapes de la production ?
Les semis se déroulent de février à mars pour les primeurs (juillet/août), en avril pour les betteraves d’été (août/septembre) et enfin de mai à début juin pour les betteraves de conservation que l’on récoltera en septembre/octobre.
La densité de semis dépend de la date de semis et du calibre souhaité. La graine de betterave a la particularité d’être un glomérule qui contient plusieurs graines.
La durée de végétation est de 120 à 160 jours, avec une première phase de développement et de croissance du feuillage, puis de grossissement de la racine. C’est durant cette phase que nous prenons soin d’apporter tous les éléments minéraux nécessaire à son développement. Enfin, au cours de la maturation, le feuillage se dégrade au profit de la racine qui se charge en sucre, un des principaux critères de qualité des betteraves. D’une façon générale, toutes les interventions sont tracées et raisonnées.
Traçabilité et respect de l’environnement ?
Oui bien sûr, grâce à notre organisation en filière et à notre association interprofessionnelle qu’est l’ADIB, nous finançons depuis 15 ans des programmes de recherche appliquée afin de sans cesse améliorer nos techniques de production avec deux priorités : qualité du produit et respect de l’environnement. A l’initiative des producteurs, un service de conseil technique a été créé en partenariat avec la Chambre d’Agriculture du Loiret. Toutes mes interventions en cultures sont raisonnées et scrupuleusement notées dans un cahier de culture. Je suis par ailleurs certifié, selon le référentiel GlobalG.A.P. , par un organisme indépendant.
Enfin la traçabilité est totale du champ jusqu’à l’assiette du consommateur, grâce aux liens étroits et aux méthodes de contrôles entre producteurs et transformateurs.
Comment commercialisez-vous vos betteraves ? Avez-vous un contrat ?
Bien entendu, l’ensemble de ma production est contractualisé annuellement avec un des cuiseurs locaux qui définit la quantité, le prix et la ou les périodes de livraisons. Il existe une grande stabilité des rapports entre producteurs et transformateurs, signe de la maturité de notre filière.
Vous êtes également président du Syndicat des Producteurs de Betteraves rouges du Loiret. En quoi consiste votre rôle ?
En effet, mon rôle est de représenter le collège des producteurs au sein de notre association interprofessionnelle. Je suis très attaché à cet esprit filière que nous avons su mettre en place. Cela permet de créer et de faire vivre une réelle dynamique de groupe, de trouver des réponses à nos problématiques qui évoluent, notamment au niveau technique, et de promouvoir ensemble notre filière.
*« Le référentiel GLOBALG.A.P. est principalement conçu pour rassurer les consommateurs sur la manière dont les produits alimentaires sont produits sur l’exploitation en réduisant au minimum les impacts nocifs des activités agricoles sur l'environnement, en diminuant l'utilisation des intrants chimiques et en garantissant une approche responsable de la santé et de la sécurité des travailleurs, ainsi que du bien-être des animaux. » source : www.globalgap.org